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PIERRES de CARRARE

 

 Juste en retrait du bord de mer, les montagnes de marbre terribles de Carrare attendent le retour improbable d'un génie. Mais il n'y a bientôt plus que les découpes au diamant qui s'activent au pied des carrières et œuvrent à des sculptures de commande... La majeure partie de la production de marbre est destinée à l’exportation, de l’Afrique du Sud aux palaces de  Las Vegas, de l’Asie au Moyen Orient. L’idée du marbre de Carrare évoque immanquablement celle du luxe et de son vernis clinquant. Mais ici, à Carrare, le marbre sert aussi à paver les rues, recouvre le sol des supermarchés et sert occasionnellement à combler des trous dans les murets cimentés au bord des routes. Le marbre le plus blanc, celui des blocs les plus gros est destiné aux sculpteurs auxquels on commande les copies des chefs d’œuvres de Michel-Ange exportés dans les salles de bains des milliardaires. Ces blocs atteignent facilement plus de quinze tonnes et se vendent comme matière brute à plus de trois mille euros la tonne. Quelques artistes contemporains viennent ici pour réaliser des pièces particulières mais la majorité des productions reste attachée à une tradition kitsch qui ressemble plus à de l’industrie qu’à autre chose. Quelques personnalités poursuivent un rêve en marge de ce système et s’y accrochent avec une énergie admirable, mais ils sont de moins en moins nombreux. Les montagnes de marbres s’étendent sur une douzaine de kilomètres et l’extraction des carrières modélise le paysage depuis la Rome antique … Tout est recyclé jusqu’à la poussière de marbre que l’on utilise dans les cosmétiques et le blanchiment du papier.

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