FROM THE INSIDE / VUes (de l') INTÉRIEUR (es)
VUes (de l') intérieur
Ce sont des vues d'intérieurs, prises en l'absence de ceux qui y vivent ou y ont vécu. Qu’ils soient chargés d’une histoire familiale ou d’une neutralité totale comme le sont les chambres d’hôtels, ces lieux m’intéressent par l’ordre et le désordre qu’ils révèlent. Chambre d'amis, chambre d'hôtel, abri précaire, ruine, édifice High Tech ou cathédrale : ils me sont nécessaires au même titre. Du point de vue émotionnel, il s’agit d’un sentiment silencieux, d’un vide intime, d’une présence incomplète que l’on ne mesure jamais autant que par l’absence d’autre chose. Pour le reste, c’est d’un jeu spatial qu’il s’agit, fait d’angles, de parois et de point de fuite, à la manière de la boite spatiale d'Alberti*, avec ce qu'il faut pour dire l'horizon sans tout à fait le montrer, avec ce qu'il faut de murs et de sol pour nous rappeler où nous sommes. Certains de ces Intérieurs avouent cette tentation pour l’échappée hors-les-murs de la pièce, l’attirance vers l’infini par le jeu d’une perspective centrale. D’autres se concentrent sur l’intérieur, comme si tout se jouait dans les limites de la pièce. C’est moins de rendre hommage à la peinture de la Renaissance qu’il s’agit et bien davantage de saisir la réalité comme s’il s’agissait d’une peinture, juste là, sous nos yeux.
(*) Alberti est le théoricien qui définit les règles de la perspective à la Renaissance dans son ouvrage De Pictura, publié en 1436 à Florence. Il définit le rôle de la peinture en la comparant à une fenêtre ouverte sur le monde.