Les portraits ne m’intéressent pas, ni la recherche d'expression et d'émotions passagères censées résumer l'individu qui les sous-tend. Tout ce qui s’apparente de près ou de loin à une photographie sentimentale qui joue sur l’affect et la nostalgie me donne l’impression de feuilleter un album de famille entre première communion, goûters et mariage.

Seule l’interdépendance provisoire de chaque chose et l’idée d'un emplacement singulier, relatif,  que la prise de vue leur assigne m’intéresse. Seul l’écart entre les choses que je vois et celles que je choisis de ne pas voir m’intéresse. L’image photographique n'a de sens à mes yeux ni dans sa capacité à raconter une histoire ni pour sa prétention à se prendre pour de la peinture. L’accord entre les corps et l’espace qu’ils provoquent par effraction ou qui les contraint, leur empreinte provisoire dans un lieu qui s’éclaire à leur présence, ou la marque singulière de leur absence, m’intéressent. Ni la photo de rue et son auto-justification socio-documentaire, ni la photo de paysage et l'écho approximatif de la peinture abstraite qu'elle produit, ni le portrait et sa coquetterie anecdotique. Le reste est une affaire de regard et de point de vue, de cadrage et autres questions photographiques...